Résumé des articles précédents :
- 1er article : Constat de la pénurie de foncier productif pour le secondaire en Ile-de-France, malgré l’abondance d’espaces en friche.
- 2ème article : Nous revenions sur les contraintes économiques et les besoins techniques des entreprises souhaitant emménager dans des friches.
Dans ce dernier article, nous explorons les bénéfices de l’activité transitoire pour le territoire et les propriétaires, publics comme privés. Ces articles font suite à celui de 94 citoyens sur la pénurie de foncier en Île-de-France.
Convertir une charge en une source de revenus.
Le foncier inoccupé est un poids pour ses propriétaires. Il implique des coûts de gardiennage de préservation en l’état, d’assurance et l’acquittement de taxes foncières. Sa valeur peut aussi être réduite par des dégradations naturelles ou liées au squat.
Souvent ces espaces sont en attente de cession ou de reprise. Mais les procédures peuvent être bloquées des mois, sinon des années, pour de multiples raisons (zones partiellement polluées notamment) . Pourtant, ces surfaces sont souvent partiellement mobilisables. Cette occupation temporaire peut se faire sous la forme d’une convention d’occupation ou d’un bail précaire. Généralement, l’occupant prend en charge les frais de gestion courante de l’espace et verse un loyer réduit. L’occupation de ces espaces est donc un calcul économique rationnel pour le propriétaire.
Enfin, la préfiguration augmente la valeur du bien. La présence de start-ups innovantes donne une identité et une attraction à un site et permettra de capter de plus grands acteurs sur le territoire par la suite. Une friche abritant de l’activité secondaire apportera plus de garantie, qu’une zone vierge, quant à la qualité de son terrain.
Créer un dialogue avec les occupants.
L’autre point fort d’une telle pratique, c’est qu’elle peut ouvrir la voie à une collaboration avec des entreprises innovantes du territoire. Les entreprises du secondaire sont très souvent intéressées d’avoir des promoteurs et/ou bailleur dans leur carnet de contacts partenaires.
Il est toutefois rassurant pour le bailleur dans un premier temps de limiter le nombre d’interlocuteurs en ayant de contact direct qu’avec un intermédiaire de confiance, porteur d’un projet d’aménagement. Cela le libère de la gestion d’entrée et sortie des structures qui occuperont l’espace, durant la période d’occupation inscrite contractuellement.
Une valorisation qui dynamise le territoire.
Enfin, ces « déchets urbains » deviennent des points de dynamisme au cœur des bassins urbains. Cela va dans le sens des préconisations de la CCI de « travailler à l‘intégration de l’activité productive avec l’habitat ». Des structures telles que le Matériaupôle nouent ces liens entre entrepreneurs, écoles et commerces locaux. Valoriser les friches du territoire favorise l’innovation de pointe mais renforce aussi le tissu socio-économique local.
Une pratique qui se combinerait à merveille avec les évolutions de marché appuyés par la CCI. En effet, la CCI envisage la création d’une « Bourse des locaux » en ligne et à l’échelle régionale. Cela fluidifierait le marché et limiterait les effets néfaste de la pénurie de l’offre de foncier. Ce type d’outil serait d’autant plus puissant s’il s’ouvrait au marché du foncier temporaire.
L’offre existante actuellement sous-exploitée permettrait un développement fort de la petite couronne, tant esthétiquement, qu’en terme d’activité d’emploi local.
L’occupation transitoire est un marché en plein développement. L’offre et la demande sont forts, le cadre réglementaire, les process et les acteurs intermédiaires se structurent. Cette pratique qui a de nombreux avantages est partie pour se généraliser. Et avec elle l’industrie pourra reprendre de l’ampleur et de l’ambition en Ile-de-France.
Antoine Clousier